La mise en place de trois jours de télétravail obligatoires par semaine demande aux petites collectivités de se réorganiser. Pas toujours simple à réaliser pour elles.
Les petites communes ont-elles les moyens d’organiser le télétravail de leurs agents trois jours par semaine ? Lundi 3 janvier, la mesure devient obligatoire “là où c’est possible”. Annonce du Premier ministre une semaine plus tôt. Jean Castex a étendu le recours au télétravail à trois ou quatre jours par semaine, “pour tous les salariés pour lesquels il est possible”, et pour une durée de trois semaines.
Trois jours, c’est impensable ! – Gwenaël Crahes, maire de La Grigonnais
Plus compliqué au quotidien
A La Grigonnais, commune de 1.700 habitants au nord de la Loire-Atlantique, les trois agents de mairie sont depuis plusieurs mois à une journée de télétravail par semaine. Désormais, la municipalité va tenter de passer à deux jours. Mais “trois jours, c’est impensable !”, estime le maire Gwenaël Crahes.
“Sur les petites collectivités comparées aux grosses structures comme la ville de Nantes, un agent égale une compétence, et il est seul sur cette compétence, explique-t-il. Pour mes chargées d’accueil, je n’aurai pas la capacité de donner de la charge de travail pour trois jours de chez elles. Concernant ma directrice des services, elle a besoin de contacts avec ses équipes. _On est à l’écoute aussi de nos agents_. Un jour de télétravail c’est déjà beaucoup pour elles, faire plus serait plus compliqué dans leur quotidien en terme de charge et d’échanges avec les équipes.”
“Des surcharges ponctuelles de travail”
Comme à La Grigonnais, de nombreuses petites communes se sont dotées d’ordinateurs portables avec des logiciels adaptés dès le premier confinement. A Drefféac, quatre ordinateurs portables sont disponibles en vue du télétravail. Dans cette commune de près de 2.300 habitants près de Pontchâteau, cinq agents sont concernés.
Certains services comme la comptabilité nécessitent des “moyens informatiques tels que des imprimantes multifonctions qui sont présentes en mairie”, souligne le maire Philippe Jouny qui pointe aussi du doigt la problématique de délais à respecter, comme dans le domaine de l’urbanisme. “C’est pour cela qu’on organise des rotations et qu’on ne peut pas mettre en place trois jours de télétravail pour ce service-là.” A terme, le risque étant que certains dossiers s’accumulent et que cela génère “des surcharges ponctuelles de travail sur des dossiers qui auraient été beaucoup plus lissés sur le temps en présentiel”.
“déjà malheureusement coutumier du fait”
Souvent, le télétravail adopté dès le premier confinement n’a pas été totalement abandonné dans les mairies des communes rurales. C’est le cas de Bouvron, un peu plus de 3.000 habitants entre Blain et Savenay. Cela fait déjà plus d’un an que le télétravail y est instauré régulièrement pour la dizaine de salariés de la mairie qui passeront de deux à trois jours de télétravail par semaine. “En l’occurrence on est déjà malheureusement coutumier du fait”, déplore le maire de Bouvron Emmanuel Van Brackel.
De toute façon c’est obligatoire, on n’a pas le choix ! – Emmanuel Van Brackel, maire de Bouvron
La municipalité avait demandé aux agents de revenir à deux jours de télétravail minimum dès la mi-décembre. Pas si difficile à mettre en place, reconnaît le maire, mais “contraignant”. “Les réunions en visioconférence, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable !” Avant de conclure : “De toute façon c’est obligatoire, on n’a pas le choix ! On respecte évidemment ces obligations, elles sont tout à fait compréhensibles “!
Source : https://www.francebleu.fr/infos/societe/teletravail-obligatoire-les-difficultes-des-petites-communes-en-loire-atlantique-1640874894